Death or Glory...

"...it's just an other story" chantait Joe Strummer avec son groupe, les Clash. Destins croisés pour Nadal et Federer, le premier rentre dans l'histoire, le second attend toujours son record de victoires en Grand Chelem.

Des Bookmakers atypiques:

La terre avait tremblé, lors de la finale de Roland Garros durant laquelle Nadal ne laissait au "meilleur joueur de tous les temps" que 4 petits jeux.
L'onde sismique avait passé la Manche une semaine - seulement - après la retentissante victoire de "Monsieur Terre Battue" à Paris. En effet le numéro 2 mondial, et leader d'une Race effrénée depuis le début de l'année 2008, avait convaincu les observateurs en réussissant un historique doublé Roland Garros-Queens. Borg et Wilander jouaient aux bookmakers et pronostiquaient une victoire de l'espagnol dans l'édition 2008 de Wimbledon.
Tous deux mettaient en avant la différence d'application et d'intensité des entraînements de Nadal et Federer. Le revers de "Rafa", un temps décrit comme faille, fait désormais consensus: slicé, frappé, lifté, ce coup n'est plus une faiblesse pour le mallorcain mais bel et bien une force.

Repenser à ceci, repenser à cela:

Quel match époustouflant! Il y aurait beaucoup de choses à redire sur ce match. Repenser au Federer bousculé du début de match, ratant la balle et cédant rapidement son service dans le premier set; repenser à ce 2ème set que Roger avait parfaitement en main et qu'il laisse filer suite à une balle anodine envoyée dans le couloir (à 4-2, 30-30); repenser aux aces que sort le bâlois pour revenir dans la partie lors du tie break du 3ème set; repenser au passing de revers qui lui permet de sauver un balle de match dans la 4ème manche qu'il finit par emporter; repenser enfin à ce coup droit qui reste dans le filet et donne la victoire à Nadal.

La partie d'échecs:

Ce qui m'a particulièrement marqué au cours de ce match c'est la rigueur tactique de Rafael Nadal. L'espagnol avait fait le choix très clair - et ô combien judicieux - de bloquer le jeu de Federer en jouant systématiquement sur son revers. Très nettement paralysé et cloué au fond du court par cette stratégie dans les deux premiers sets, Federer a réagi en contournant sur son coup droit lors des deux suivants. Il a ainsi pu joue plus d'accélérations de coup droit et prendre l'initiative à l'échange. On a donc eu droit - au delà du talent, suspesnse, engagment - à une superbe lutte tactique entre les deux hommes.

Au final le match se joue à tellement peu de choses que l'on ne peut pas réellement dire que la tactique a été décisive. Cependant le choix stratégique pleinement assumé et mis en place par Nadal a forcément eu tendance à user le suisse, physiquement et mentalement. Nadal apprend par étapes mais aujourd'hui il maîtrise 2 des 3 surfaces du circuit. A ce rythme de progression là, le Grand Chelem est tout à fait envisageable dans les prochaines années.

Tennis - Back in the USSR


La Russie se porte décidément très bien ces temps-ci. Après le très beau parcours de la troupe de Guus Hiddink à l'Euro de football, voici Marat Safin qui rappelle au monde du tennis où est son véritable niveau.

En effet le russe s'est invité à la représentation que donne Roger Federer dans son jardin londonien depuis une dizaine de jours. Le suisse est tout simplement injouable dans ce Wimbledon 2008. Il multiplie les démonstrations de force et la dernière en date, face à l'autre herbivore avéré qu'est Ancic, a de quoi faire peur aux adversaires du numéro un mondial. "FedEx" a totalement anéanti le jeu ultra offensif du croate. Flamboyant, combatif et magnétique à la volée depuis le début du tournoi, "Super Mario" ressemblait davantage à un kamikaze se sacrifiant avec panache.

Le superbe parcours de Federer surprend nettement moins que celui de son futur adversaire. Marat Safin ne fait rien comme les autres et il le prouve une fois de plus. Il revient alors que l'on ne l'attendait plus, dans le tournoi le plus préstigieux du circuit. Après avoir fait déjoué Djokovic au second tour, le frère de Safina a continué sur la lancée, grâce à un service très performant et des retours efficaces. Pour preuve, il est le joueur qui a réussi le plus de breaks sur le tournoi. Si en 2005 la partie remportée par Safin pouvait avoir des allures de revanche sur Federer, cette fois on sait que l'on vit sûrement l'un des derniers grands matchs du caractériel natif de Moscou.

Rien ne dit que ce regain de forme - bien qu'impressionnant - ne suffise à inquiéter Federer. Tout le monde rêve de revoir un match d'anthologie comme celui qui avait opposé les deux hommes en 2005 à l'Australian Open. Mais avant de s'imaginer un match garni de tie breaks sanguinaires, d'enchaînements service-volées conquérants, de passing shots assassins et se concluant par un cinquième set épique, il faudra que Safin trouve le moyen de bousculer le maître de cérémonie...

La théorie du complot:

Et si Federer n'arrivait pas à dépasser le record de victoires en Grand Chelem deSampras? Confronté à une farouche concurrence de la jeunesse Nadal-Djokovic, le "Maître" voit se dresser devant lui l'obstacle Safin. Depuis 2004, 4 joueurs ont battu Federer en tournoi du Grand Chelem: Nadal, Djokovic, Kuerten et ... Safin. Si en plus de devoir contenir ses successeurs, le suisse doit faire face au retour d'un revenant, la tâche pourrait bien se compliquer dans la récolte des titres en Grand Chelem. Y a pas non plus le feu au lac mais plus que jamais Federer devra se battre pour aller chercher le record qui lui est promis.