Djokovic : l’éclosion d’un champion


J’entendais un commentateur déclarer, en voyant un quart de finale de Wimbledon, «Djokovic c’est une pièce de théâtre à lui tout seul». Il faut dire qu’au cours de cette rencontre l’opposant à Marcos Baghdatis, le serbe a montré ses émotions, sa frustration, sa fatigue, un peu moins sa détermination. C’est malgré tout lui qui l’a emporté après 4h59 de jeu, d’échanges de fond de court parfois très longs, engagés et dominés, pendant les 3 dernières manches, par son adversaire chypriote.

On dit souvent, en tennis, que les grands champions savent gagner les points capitaux d’un match. Nul doute alors qu’en remportant un break blanc avec au passage un coup droit et un revers gagnant, à 5 - 5 au 5ème set, Novak Djokovic a montré qu’il faisait partie de cette race là: celle des champions.

Les résultats le prouvent: demi-finale à Roland Garros, perdue contre un Nadal imbattable ce jour là (bien plus performant d’ailleurs qu’en Finale contre Federer), demi-finale à Wimbledon, perdue une nouvelle fois face à Nadal, sur abandon cette fois. Il faut dire que 4 heures contre Hewitt + 5 heures contre Baghdatis = 9 heures de match et de bras de fer, tout cela ... en 2 jours. La faute à une organisation du tournoi pas vraiment encline à avancer les matchs, comme pour favoriser la revanche attendue du Federer-Nadal de l’an passé.

Après un Masters Series remporté à Miami face à Canas, en battant «Rafa» en demie et en ne perdant qu’une fois son service pendant le tournoi contre ce même Nadal, celui que l’on surnomme communément «Nole» est, sans aucune contestation possible, la révélation de l’année.

16ème mondial en 2006, le serbe a explosé cette année et se retrouve même 3ème à l’ATP et à la Race, derrière le duo Nadal-Federer.

Physiquement il semble moins affuté que les deux précédemment cités pour remporter un tournoi du Grand Chelem. Il s’est hissé par deux fois en demi-finale de Grand Chelem mais aux prix d’efforts physiques que Nadal et Federer n’ont pas à faire en général, expédiant leurs adversaires en 3 ou 4 sets et moins de 2h30 de match. «Sonic», comme j’aime le surnommer pour ses cheveux hérissés, a prouvé qu’il pouvait battre n’importe qui quand il est en possession de ses moyens. Il lui reste néanmoins une marge de progression et il faut clairement chercher du côté du physique, du jeu à la volée et dans la gestion d’un tournoi à 2 semaines.

Il a déjà pour lui le mental, des coups aussi puissants que précis, un service performant (il est actuellement 4ème au nombre d’aces cette saison derrière Ljubici, Karlovic et Roddick...) et une véritable intelligence tactique; autant d’armes qui lui permettent de rivaliser avec les deux meilleurs mondiaux. Alors pourquoi pas une victoire en Grand Chelem en 2008, voire une lutte à 3 pour l’ATP Race?

Ne passez donc pas à côté des performances d’acteur et de joueur de celui qui s’amuse à imiter Nadal ou Sharapova à l’entraînement. Joueur excellent, personne pleine d’humour et attachante, Djokovic apporte un peu de fraîcheur dans une planète tennis binaire dominée par l’increvable Nadal et par un Federer un brin prétentieux, qui ne fait plus le show à la volée -tous deux ne sachant sourire qu’en dehors du court pour recevoir les trophées.

On a aimé Kuerten, Safin, Moya, laissons alors un peu de place aux Djokovic, Baghdatis et autres Roddick ou Monfils: ces joueurs spectaculaires, fair play au point de corriger des décisions arbitrales en leur défaveur, mais aussi accrocheurs voire nerveux ... des joueurs plus humains en fait.

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