Tennis - Djokovic et Tsonga ouvrent la porte


Ça y est! Jo Wilfried Tsonga est bien rentré en France. Accueilli par de nombreux journalistes, le joueur français a aussi eu droit à un garde du corps un peu spécial: Christian Bîmes avait en effet fait le détour pour venir chercher la nouvelle star du sport hexagonal.
La Tsongamania, dont je faisais état il y a peu, ne retombe pas entièrement et confère un nouveau statut à ce joueur jusqu'alors dans l'ombre de la pépite Gasquet. Ce dernier pourrait par ailleurs profiter de la tornade médiatique autour du finaliste du dernier Open d'Australie; Richard va pouvoir se concentrer sur ses matchs et non les éternelles questions à son sujet (aura-t-il vraiment la capacité pour gagner un Grand Chelem? a-t-il un physique et un mental suffisant pour intégrer le top 3? ...). Surtout il va falloir qu'il prouve très vite que c'est lui le numéro 1 tricolore. Autant de raisons de croire que la défaite de "Richie" contre "Jo" à Melbourne lui sera bénéfique sur le long terme.
Tsonga a donc lancé sa carrière mais aussi (et surtout) propulsé le tennis sur le devant de la scène en France (4,42 millions de téléspectateurs sur France 3 et un pic à 7 millions pour suivre le match face à Djokovic).

Le français, que l'on compare souvent à Mohamed Ali pour sa ressemblance physique, a presque effacé (médiatiquement) le vainqueur de la finale. Djokovic a remporté le seul tournoi du Grand Chelem depuis 3 ans qui échappe au duo Nadal-Federer. Pourtant cela passe tout à fait inaperçu en comparaison du phénomène Tsonga puisque l'actuel 18ème mondial fascine même au delà de nos frontières. Au jeu puissant rapide efficace du français, "Nole" a opposé son style en rythme, varié et intelligent.

Le serbe est plutôt complet mais n'a ni la précision au service de Federer, ni la puissance en coup droit de Nadal ou même sa condition physique, encore moins le touché de balle du "Maître". Et pourtant il est venu à bout de tous les adversaires qui se sont opposés à lui lors de la quinzaine australienne (ne concédant même qu'un set en finale).
  1. La qualité qui fait la différence en sa faveur est, selon moi, l'intelligence de jeu. Le numéro 3 mondial parvient à diriger l'échange du fond du court en restant proche de sa ligne. En finale, mené un set à zéro, il a été capable monter au filet, de prendre la balle plus tôt pour faire courir Tsonga et ainsi mettre fin aux coups supersoniques que le français avait eu la possibilité de claquer en permanance face à Nadal.
  2. Le mental est une autre force de ce jeune joueur qui ambitionne de devenir numéro un mondial. Il a beaucoup travaillé dessus et cela a semble-t-il payé: sa victoire contre Federer tient pour beaucoup aux points importants qu'il a mieux attaqué que le suisse, contre Tsonga aussi il écarte, à 5-5 dans le quatrième, une balle de break qui aurait pu totalement relancer le match. Autre indicateur de cette tendance forte: le serbe perd très peu de ses tie break et en a remporté face à Roger pourtant expert en la matière.
  3. Et pour finir le service. Dans le tennis moderne c'est un coup qu'il faut absolument maîtriser pour s'économiser des longs échanges énergiquement très coûteux. La mise en jeu de Djokovic n'est pas imprenable mais quand il en a besoin, Novak peut sortir les services qu'il faut (ex: ace pour conclure le 3ème set face à Tsonga).
Alors certes son jeu est de manière générale moins impressionnant que celui de Nadal ou Federer (il n'a pas un grand coup imparable). Mais la façon dont il est capable de construire et mener les échanges vaut le détour et il prouve de plus en plus qu'il est lui aussi capable de marquer des points géniaux (passing shot de revers à deux mains en bout de course qui passe à côté du filet avant de rentrer dans le terrain; contre Federer en demi-finale).

En somme, un Open d'Australie très réussi remporté par le joueur le plus constant de ces deux semaines. Avec cette finale inédite, Djokovic et Tsonga ouvrent aussi des portes: la génération plus de 25 ans (Federer, Roddick, Blake, Davydenko), va-t-elle résister en 2008 à la jeune garde (Nadal, Djokovic, Murray, Gasquet, Baghdatis, Tsonga)? Federer va-t-il battre le record de Sampras cette saison? Nadal peut-il être battu à RolandGarros et si oui par qui? NadalDjokovic peuvent-ils talonner ou passer Federer au classement technique? Qui va remporter la Race? Nalbandian peut-il faire son come-back? Un français peut-il remporter un Grand Chelem en 2008?
Même si certaines des questions précédemment évoquées se recoupent, elles témoignent d'une incertitude nouvelle qui dynamise le tennis depuis environ un an. Attention de ne pas oublier pour autant les questions d'éthique sportive qui restent plus que jamais d'actualité: matchs truqués, dopage, cadence d'une saison.

1 commentaires:

Anonyme a dit…

Bon résumé des enjeux de la saison en cours.

Pour la finale, c'est bien gentil de rappeler les qualités -indéniables- de Djokovic mais même en jouant son plus mauvais match de la quinzaine, on a senti que Jo pouvait s'imposer.

Surtout, si (ok avec des si on donnerait les JO à Paris mais bon...)Tsonga convertit sa balle de break a 55 dans le 4eme, il finit Novak dans le 5eme en le mangeant physiquement et en le bouffant au service (pitoyable du serbe sur la finale).
Mais bon, il a sur être présent, mentalement d'abord pour ne pas lâcher le match dès le 2eme puis dans le jeu, en sortant qq gros coups pendant 3 sets, ce que JWT n'a fait que dans le dernier jeu du 1er set...